Gilles et le Sterne sont partis de mars 2021 à avril 2023 vivre la grande aventure du tour du Monde et tester la viabilité du Sterne, alors flambant neuf. Des ami·es les ont accompagnés, sur toute la première partie de l’aventure.

Le tour du monde a été effectué du 27 mars 2021 au 25 février 2023. C’est d’abord une victoire, celle d’un navire. Un petit et fier navire. Il a enduré pendant 223 jours de mer et plus de 29 000 milles les assauts incessants de la mer ; les déferlantes des fois bien plus grandes que lui, arrosant le pont et remplissant le cockpit ; les jours de près à claquer contre chaque vague en tremblant de tout son long et large ; les  » thunderstorms » – tempêtes orageuses avec des éclairs tombant de tous les côtés pendant la saison cyclonique de l’océan indien sud ; quasiment démâté dans l’océan Pacifique ; échoué à l’entrée du canal de Panama ; perdu un safran dans la mer des Caraïbes ; tenu des moyennes à plus de 200 milles en 24 heures ; surfé à plus de 20 nœuds sur ces trains d’enfer que sont ses grosses vagues océanes, méditerranéennes, caribéennes, chinoises, rougiennes, indiennes, pacifiques, arafuriennes, indonésiennes.

« Les miles défilent »

Cet oiseau des mers a tenu bon. C’était pas gagné d’avance. Ce milieu aussi doux et terrible soit-il n’est pas le nôtre, mais le navire et son équipage y naviguent avec plaisir et tranquillité, serein, sans peur et sans angoisse. Ils voguent à n’en plus finir. Les milles défilent, la vie tourne au même rythme que les terriens mais avec du temps en plus. Ce temps si cher, ici il n’a pas de prix, pas de valeur d’échange. Il est et il se vit.

« Ca y est, les cris de mes amis, de ma famille, sonne encore dans ma tête. Je ne suis plus dans le rêve.

Ces gens savent-t-il dans quel projet je m’engage ? Moi non. Mais je ne leur dis pas. Ce jour de grand départ, je vibre car le bateau est presque prêt, mais je n’ai aucune certitude d’y arriver. Je largue les amarres, mais le futur n’est plus écrit à partir de ce moment. Je sais qu’il va me falloir de la chance, de l’endurance, de la acharnement, de la patience, de la nonchalance, parfois, de la peur, de l’insolence, de la résistance, de la résilience, de l’humilité.

Ce n’est pas commun de partir faire un tour du Monde sur un voilier de course, de moins de 8 mètres en pleine période de pandémie mondiale… »

Gilles Melon